[Lettre de Espérandieu à De La Croix du 20 octobre 1888]

Transcription

St Maixent le 20 octobre 1888 Mon très Révérend Père Vous n'aimez pas Monsieur l'abbé Laferrier [?] ; ni moi non plus. Ce personnage qui a fait des fouilles de Saintes sa chose - bien qu'elles soient entièrement faites aux frais de l'Etat, a l'exorbitante prétention d'empêcher qui que ce soit de prendre copie des inscriptions qu'il découvre. J'étais avant hier à Saintes et j'ai été reçu... Comme vous l'auriez été vous-même probablement. J'ai protesté séance tenante contre une aussi bizarre façon d'agir, j'ai dit à ce monsieur ce que je pensais de lui-même et de ses procédés, mais il ne suffit pas de s'en tenir à des

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protestations platoniques, il importe avant tout d'agir. J'ai écrit le soir même au ministre la lettre dont je vous envoie la copie et mon exemple a été immédiatement suivi par M. Audiat qui m'a fait parvenir ce matin le brouillon de la lettre. Il faudrait savoir si oui ou non M. Laperrière a le droit d'accaparer à sons seul profit les découvertes qu'il fait avec l'argent qui ne lui appartient pas et je crois qu'une levée générale de boucliers faite par les correspondants du ministère de la région ne serait peut-être pas sans forcer le ministre à se prononcer. Si vous êtes de cet avis, je vous demanderai d'écrire à votre tour au ministère pour solliciter comme moi l'autorisation de voir les inscriptions

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Vous profiterez ou non de l'autorisation que ne peut manquer de nous être accordée à tous, mais on verra du moins à Paris ce que vaut M. Laperrière - au point de vue de ses relations avec ses collègues s'entend ! Quelle différence, mon Père, entre la façon dont ce monsieur se comporte à l'égard des visiteurs étrangers qui le valent bien après tout, et l'exquise amabilité avec laquelle vous faisiez à tout le monde les honneurs de votre Sanxay. Vôtre parce que vous dépensiez votre argent, tandis que M. Laperrière... Enfin, n'insistons pas ! Pour que toutes les lettres ne soient pas semblables, vous pourriez par exemple, dans ce sens-ci : au secrétariat, 1er Bureau. "Monsieur le ministre

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"Les découvertes faites à Saintes par M. l'abbé Laperrière, avec les subventions qui lui sont accordées par le Comité des Travaux Historiques, étant constamment cachées à tous les regards et parfois même mises sous clef, bien que le besoin ne s'en fasse pas le moins du monde sentir. Surtout lorsqu'il s'agit de monuments épigraphiques, - J'ai l'honneur de solliciter de votre obligeance - en ma qualité de correspondant du ministère de l'instruction publique, - l'autorisation de visiter les fouilles pour y prendre les copies d'inscriptions qui me paraîtront utiles pour mes travaux. J'ai l'honneur d'être etc.... J'irai sans doute jeudi prochain à Poitiers. Je vous ferai connaitre en temps utile l'heure exacte de mon arrivée. Ma femme me prie de vous présenter ses respects. J'ajoute l'expression de mes sentiments bien respectueusement mais bien cordialement dévoués. Espérandieu

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Copie de ma lettre Lieutenant Espérandieu, correspondant du ministère, à Monsieur le Ministre de l'Instruction publique, secrétariat, 1er bureau, Paris. Monsieur le Ministre La vue des inscriptions découvertes à Saintes - quelques unes depuis 15 mois, mais la plupart depuis 5 mois, dans les fouilles qui sont exécutées par les soins et au frais du Comité des Travaux historiques étant complètement interdite aux étrangers, même lorsqu'ils se recommandent du [illisible] M. correspondant du ministère, ainsi que j'ai pu m'en rendre compte tout récemment. J'ai l'honneur de solliciter de votre bienveillance l'autorisation qui pourra seule me premettre de prendre sur les lieux , les divers renseignements dont j'aurais besoin pour terminer l'ouvrage que j'écris sur les inscriptions romaines de la Saintonge et du Poitou. J'ai l'honneur etc. Espérandieu.