[Lettre de Espérandieu à De La Croix du 10 août 1909]

Transcription

10 août 09
Mon très Révérend Père et bien Cher Ami,
Votre lettre me cause un plaisir infini et je tiens à vous en remercier tout de suite. J'irai donc vous voir aussitôt que je le pourrai. Je suis, pour le moment, sur le mont Auxois, où je fais des fouilles personnelles. Elles viennent de me conduire à la découverte d'un temple octogonal de 20 m de diamètre et à celle d'un sanctuaire d'Hygie, avec piscine. Le temple, aussi bien que le sanctuaire, beaucoup plus petit, nous donnent en quantité des ex voto de bronze et de pierre. Le plus curieux est un enfant emmailloté d'une remarquable conservation et de grandeur à peu près naturelle. On en connaît d'autres ; mais le nôtre est certainement le plus beau. Les ex-voto de

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bronze sont, comme aux sources de la Seine, des yeux, des seins et autres organes. Deux inscriptions nous font connaître que le temple octogonal était dédié à Apollon et à Sirona. Enfin, dans la piscine du sanctuaire d'Hygie nous avons trouvé la tête diadémée et couronnée d'épis de la déesse et la main droite tenant un serpent. Il n'y a donc aucun doute sur l'attribution. Comme vous le savez, un provincialisme étroit m'a brouillé avec la société de Semur. J'ai alors suivi l'exemple de quelqu'un que vous connaissez bien : j'ai acheté les champs que j'explore. Je suis chez moi, et comme j'ai, d'autre part, la sympathie de bien des gens du pays même et d'ailleurs, je n'ai aucune intention de m'en aller. On m'a offert de l'argent ;

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je n'en ai pas voulu. Il ne m'a pas convenu de tendre la main tout d'abord. Je suis sûr que vous ne me désapprouverez pas, car en cela, comme en bien d'autres choses, je suis votre disciple.
A bientôt, donc, mon très Révérend Père et bien cher ami ; encore une fois merci de tout coeur et recevez les affections respectueuses et les meilleurs souhaits de bonne santé de votre ami entièrement dévoué,
Espérandieu