[Lettre de Espérandieu à De La Croix du 21 août 1906]

Transcription

République française Ministère de la guerre Clamart, le 21 août 1906 Mon très Révérend Père, Il est onze heurs du soir, je rentre de Paris, où j'ai diné avec M. de Villefosse, et je trouve sur mon bureau l'admirable volume que je dois à votre bonne amitié. Je n'ai pu, naturellement qu'en tourner les pages, mais le peu que j'en ai vu me donne la mesure de la somme colossale de travail que représente votre oeuvre. Comme d'habitude, vos planches sont d'une précision à nulle autre comparable. Il me serait

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bien agréable de posséder leur équivalent pour mes travaux sur le mont auxois ; malheureusement, le Père de la Croix sont plutôt rares ! Votre étude sur l'ancienne église de St Philibert de Grand-Lieu me suivra dans mon déplacement prochain ; je la lirai à tête reposée, et si jamais vous voulez bien me faire l'honneur d'accepter chez moi l'hospitalité quime rendrait si heureux, vous lea trouverez en bonne place dans ma bibliothèque, parmi les autres travaux que vous m'avez offerts et qui sont, pour moi, comme autant de gages de votre bienveillante affection. J'ai reçu, mon très Révérend Père, votre lettre du 14 août. Vous avez bien raison de dire que la direction des fouilles du mt auxois est une chose fort lourde, et j'aurais grand besoin de

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vos bon courriers pour me rendre cette tâche plus facile ! Il y a effectivement, sur le plateau, des substructions de plusieurs époques : gauloises, d'abord, quoique peu nombreuses ; au-dessus les ruines de somptueux édifices (théâtre, temples, thermes ? basilique), surtout au 1er siècle, peut-être même du temps d'Auguste et démolis prématurément, dans le courant de ce même premier siècle, au-dessus encore, la cité gallo-romaine qui a pu prendre fin au 5e si§cle et, finalement, quelques traces d'une occupation postérieure. Le théâtre d'Alésia a 86 m 80 de diamètre. Actuellement, je fais dégager une basilique, dont le côté de l'abside avait plus de 40 mètres, ce qui implique des grands côtés plus ou moins voisins de 100 mètres... Et ce n'est sans doute pas fini !

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Le mt auxois a dû être, de tout temps, un centre religieux ; il l'est encore. Et je ne derais pas éloigné de croire que Vercingétorix s'y était réfugié, autant pour profiter de la position défensive de ce lieu, que pour se placer sous la protection immédiate de ses dieux. Le héros de l'indépendance gauloise a dû combattre à la fois pro aris et focis [?] J'ai vu hier M. S. Reinach ; il est décidé à aller vous voir dans quelques jours, et il est possible que je l'accompagne. Encore une fois, mon très Révérend Père, merci de votre beau cadeau qu'un ex dono affectueux me rend encore plus cher, et recevez l'expression cordiale de mon respectueux dévouement. Espérandieu