[Lettre de De La Croix à Lefèvre-Pontalis du 12 novembre 1904]

Contenu publié en ligne le 25/06/2018
Date : 1904-11-12
Collection : Lettres

Mots-Clés : correspondance

Transcription

Les renseignements que vous désirez au sujet des aménagements opérés en 1883 dans une partie de l'église de Saint Hilaire par la Commission des Monuments Historiques dans une partie de l'église de Saint Hilaire me sont d'autant plus facile à donner que je faisais alors partie d'une commission archéologique chargée de suivre ces intéressants travaux (1). Les voici, en peu de lignes : - au moyen de fouilles et de déblaiements, les bases et les socles des colonnes du chœur, ainsi que du déambulatoire, de même que leurs niveaux, furent retrouvés et rétablis tels qu'ils étaient lors de leur construction ; ce sont ceux qui sont aujourd'hui apparents ; - on déblaya également, jusqu'à 2/3 m de profondeur, toute la partie du chœur comprise entre les grands socles qui supportent les colonnes, afin d'y construite la puissante maçonnerie destinée à supporter le nouveau maître-autel.

Ce grand déblai mit au jour - 1° Les fondations sur lesquelles repose le socle des colonnes ; elles ont deux mètres de hauteur et sont assises sur le sol vierge, composé de sable argilleux rouge incompréhensible ; -2° un énorme sarcophage avec couvercle sans scellement, noyé dans [illisible] qui sert de fondations du socle ; il était en pierre de rocher, assez grossièrement taillé, ainsi que son couvercle, avait la forme d'un parallélogramme, - ne possédait ni inscriptions ni décorations, et contenait un cercueil en plomb avec couvercle

(1) Bulletin de la Société des Antiq. de l'Ouest, 1883, pp.161-164, et p. 227

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à emboitage non soudé dans lequel se trouvait un squelette qu'on considéra comme celui d'une femme à cause de la longueur des cheveux. Aucun objet n'accompagnait le squelette, et le cercueil lui-même, était comme le sarcophage, qui le contenait, dépourvu d'inscriptions, de décorations et de signes distinctifs.

Je considère cette sépulture comme païenne, et par là même, comme de beaucoup antérieure à l'époque de l'abside, attendu :

- 1° qu'elle est entièrement semblable à quelques unes de sépultures païennes du IVe siècle, que j'ai rencontrées, en 1879, dans la nécropole Gallo-romaine des Dunes de Poitiers ; - 2° qu'elle se trouvait dans la même zone de terrain que le caveau funéraire païen, de même date, qui existe sous l'ancienne chapelle de Saint-Barthélemy, aujourd'hui méconnaissable et transformée en maison particulière ; - 3° que dans cette même zone de terrain, autrefois dépendante du cimetière Gallo-Romain de Blossac, on a rencontré, à diverses époques des sépultures païennes ; une urne en verre, (actuellement au Musée National de Saint-Germain-en-Laye), entièrement semblable de forme, mais de plus petite dimension que celle trouvée en 1900(2), dans le caveau funéraire païen, du IVe siècle de Louin (Deux-Sèvres) ; et même une petite statuette en bronze représentant un Hercule combattant revêtu de la peau du lion de Némée, qui figure dans les collections du Musée des Augustins de Poitiers (1)

D'après ces diverses observations, je serais porté à croire que

(1). - Hild, Bulletin de la Société des Antiquaires de l'ouest, 1891, pp. 431-444

(2) - Bull. De la Soc. des Ant. de l'Ouest. 1900, p. 473.

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la propriété appartenant à St Hilaire et sur laquelle il construisit sa chapelle funéraire, sous le vocable de St Jean et de St Paul, ne comprenait pas alors le terrain où se trouvent l'abside et le transept de l'église actuelle de Saint-Hilaire.

Je ferai également remarquer, que la pénétration voûtée si improprement appelée crypte, qui existe sous la partie médiane du transept, avec ouverture sur la nef centrale, et dans la maçonnerie de laquelle se trouvait, placée horizontalement, une grosse borne milliaire (1) mutilée et creusée en sarcophage, a ses fondations sur le même sol que celles des socles des bases des colonnes de l'abside, que celles aussi du transept, et qu'elles leur sont certainement contemporaines. Il a donc pu exister sous cette pénétration voûtée, ainsi que l'a écrit M de la Bouralière, un autel roman, qui aurait probablement été établi en souvenir de St Hilaire, dont les restes de la chapelle funéraire qu'il avait édifié et où il avait été inhumé, se trouvaient en face et sous la grande nef actuelle.

(1). - Elle a été déposée dans le Musée lapidaire de la Société des Antiquaires de l'Ouest.

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Format
24 cm x 18 cm
4 p.
Identifiant
FRAD86_16J3_43_420
Destinataire
Lefèvre-Pontalis, Eugène (1862-1923)
Transcripteur
Cchabod66
Note
Rattaché au folio FRAD86_16J3_43_419

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