[Lettre de Espérandieu à De La Croix de 1886]

Contenu publié en ligne le 25/05/2018
Date : 1886
Collection : Lettres

Mots-Clés : correspondance

Transcription

Espérandieu

St Maixent le 11 Dbre 1886,

Mon très Révérend Père,

Je n'ai pas encore reçu l'estampage que vous m'avez annoncé, mais je ne saurais l'attendre pour vous remercier comme je le dois de votre amabilité. Je ne connaissais l'autel trouvé en 1840, derrière l'hôtel des Trois Piliers; que par la copie publiée la même année dans le Bulletin des Antiquaires de l'ouest, et c'est parce que la lecture donnée alors par Mr de la Lande me paraissait peu probable que j'avais prié M. le concierge du musée de Poitiers de m'envoyer l'estampage que vous avez bien voulu prendre vous même à mon intention. Sur le désir qui m'a été expri- mé par M. J. Berthelé j'aurais en effet l'intention de recueillir, pour les publier dans la Revue Poite-

Saut de page

vine toutes les inscriptions romaines du Poitou. Ce serait là moins un travail purement personnel que le résultat de nombreuses recherches biblio- graphiques, car tous les textes poitevins ont été évidemment publiés, et le plus souvent fort bien commentés, - mieux que je ne saurais le faire assurément, - mais il me semble qu'un corpus local ne serait pas sans in- térêt. Du reste, si j'entreprenais de le former, je crois devoir être persuadé que le concours des érudits de la région ne me fera pas défaut. Mon rôle se bornerait alors à la centralisation et à la coordination des renseignements recueillis soit directement, soit par un travail de compilation. Les Bulletins des Antiquaires de l'ouest, s'il m'était possible de les posséder pendant quelque temps, me seraient surtout d'un grand secours, et je compte sur votre bien- veillance pour apprendre s'ils sont en vente au siège de la Société et quel en est le prix. Je ne crois pas en effet qu'il me soit donné de pouvoir les emprunter

Saut de page

à la bibliothèque de Poitiers où ils doivent exister certainement et où je ferai du reste de nombreux emprunts d'autres ouvrages si toutefois on veut bien m"y autoriser. M. de Longuemard a je crois publié déjà il y a quelques années un travail analogue à celui que je pourrais entreprendre le cas échéant. je tâcherai de me procurer son ouvrage à bref délai, mais s'il n'est que le tirage à part d'un mémoire paru dans les Bulletins des Ant. de l'O. et que je puisse obtenir ces derniers, cet achat serait sans utilité et je ne le ferai pas. J'ai les années 1840, 1844, 1845 et 1846. En somme j'aurai beaucoup de documents à réunir et de nombreux déplacements à faire si je veux mener à bien la préparation du Corpus des inscriptions romaines du Poitou, mais si je parvenais au résultat cherché je me considérerais aussi comme largement payé de mes peines. Je me propose, en particulier, de faire de longues visites aux musées de

Saut de page

Poitiers et je vous remercie bien vivement d'avance de l'offre que vous avez bien voulu me faire de me mettre non seulement au courant des Musées, mais encore, et surtout, de l'archéologie régionale. En attendant, si le catalogue du Musée lapidaire est en vente, je vous serais tout particulièrement reconnaissant de m'en faire envoyer contre remboursement, un exemplaire qui me servirait à préparer des fiches fort utiles dans le cas où je donnerais suite au projet que j'ai formé. J'étais à Niort dernièrement, j'ai pris l'estampage des milliaires qui s'y trouvent et l'un d'eux - celui de Tetricus - est d'autant plus intéressant qu'il prouve jusqu'à l'évidence que les noms gentilices de ce prince étaient bien Pius Esuvius et non Poesuvius comme l'ont dit Orelli, Eckel et avec eux beaucoup d'autres épigraphistes... Parmi les inscriptions médiévales que vous avez rencontrées, en est-il quelques unes présentant soit au commencement, soit à la fin, le

Saut de page

célèbre distique : "Qui tumulum cernis, cur non mortatia permis ? Tali namque domo clauditur omnis homo" qui se lit sur le rouleau mortuaire de Guillaume des Barres et dont M. de Longperier a fait connaître en 1865 quatre exemples nouveaux ? J'en possède actuellement dix, dont deux que je crois avoir découverts, et ces deux admirables vers léonins me paraissent mériter de fixer tout particulièrement l'attention des épigraphistes, aussi en ferais-je peut-être l'objet d'une communication au prochain Congrès tenu à la Sorbonne par les délégués des Soc Sav. de France. Veuillez agréer, mon très Révérend Père, l'expression de mes sentiments les plus respectueusement dévoués et reconnaissants. Espérandieu P. S. Je n'ai pas besoin de dire combien je serais heureux de recevoir votre visite dans le cas où vous viendriez à St Maixent, et j'espère bien que ce plaisir me sera donné.

En savoir plus...
Format
13,5 cm x 21 cm
3 p.
Identifiant
FRAD86_16J3_37_043
Destinataire
De La Croix, Camille (1831-1911)
Transcripteur
Lise|NadineDieudonné-Glad

Formats de sortie