[Lettre de De La Croix à Reinach du 26 septembre 1909]

Transcription

M. Salomon Reinach, Conservateur du Musée de Saint-Germain-en-Laye (S.et Oise)

Poitiers le 26 novembre 1909.

Mon Cher Maître,

Mon silence que je regrette bien vivement ne vous étonnera pas, lorsque je vous aurai dit qu'il est dû, tant à l'état de ma santé, qu'aux renseignements qu'il m'a fallu prendre au sujet du transport des moulages en question.

Voici pour ce qui concerne les moulages : - ils seraient au nombre de 17, 6 chapiteaux de pilastre, - 2 plaques triangulaires au centre desquelles se trouve l'étoile à six raies en terre cuite, - 4 plaques à couronnement triangulaire dont les ornementations sont très différentes, - un couvercle entier de sarcophage et deux demi-couvercles, tous trois très ornementés, - un morceau de sculpture avec poisson et bordures composées de fleurons variés ; ces seize objets sont du VIe siècle, de Poitiers, de Mazerolles, d'Antigny, et forment une série complète d'un très - haut intérêt ; - enfin un couvercle de tombe du XIIe siècle, avec blason, épée et inscription, qui semble se rattacher au meurtre de Thomas Becquet, évêque de Cantorbery.

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Il va sans dire, que j'aurai soin de donner un N° à chacune de ces diverses pièces, et que je mettrai sur une liste, les provenances de chacune d'elles, ainsi que les renseignements qui les concernent, afin de vous rendre facile la rédaction du catalogue qui les mentionneront.

Quant au cube de ces moulages dont vous me demandez le nombre approximatif, il me paraît difficile de vous le donner, car il faudrait savoir quel est le mode d'emballage le plus économique qui serait à employer, ce que nous ne savons pas, comme vous allez le voir. Employer une tapissière serait très onéreux, attendu 1° qu'il faudrait la garnir de nombreuses tablettes, sur lesquelles seraient placés à plat, chacun des moulages, et qu'en plus de ces frais d'aménagements le loueur de la tapissière demande 600 f., pour la charger ici avec deux hommes, la mener à Saint-Germain, la

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décharger avec deux hommes, et la ramener à Poitiers vide. Ce mode de transport me paraît vraiment exhorbitant.

Je crois que le parti le plus sage et le plus économique serait le suivant : envoyer votre Chef d'atelier, il pourrait commander sur place les dix caisses qui seraient nécessaires, dirigerait ici l'emballage avec des hommes soigneux, qu'un menuisier local a sous la main, les ferait transporter à la gare et placer dans un vagon, qui avec autorisation bienveillante du chef de gare, grâce à la présentation d'une lettre de vous, comme Directeur du Musée de Saint-Germain, pourraient être dirigées directement jusqu'à votre Musée. D'après cette combinaison que je crois économique et pratique, votre chef d'atelier ne serait en déplacement que pendant 4 à 5 jours.

J'ajouterai si vous le permettez que les dessins de la plupart des moulages qui composent la série que je vous offre se trouvent : - 1° dans l'Abécédaire de de Caumont (Architecture religieuse) p. 29 ; - 2° dans

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le 3e fasc. du Bull. Archéol. du Comité 1886, fig. Nos 12, 13, 15, 19a, 19b, 20 ; 3° dans le 1er Vol. des leçons de L. Courajod fig. 7, 8, 9, p. 120-122.

Je n'écris point à votre chef d'atelier ne connaissant pas vos intentions relativement au transport des moulages en question.

Veuillez agréer, Mon Cher Maître, la nouvelle expression de mes sentiments bien respectueux et tout dévoués en n.s.

C. de la Croix